Septembre, lisons Coréen

Au moment où j'écris ce post, Han Kang, l'autrice de 54 ans vient de recevoir le Prix Nobel de la Littérature, je ne connais pas ses oeuvres, il va vite falloir que je comble cette lacune.
Mais tout au long du mois de Septembre, j'ai exclusivement lu des auteurs coréens.
J'avais pu faire un bon stock en rayon occasion chez Gilbert Joseph.
"Secrets" de Eun HeeKyung ne me laissera pas un très grand souvenir, le secret que ce livre dissimule étant assez facile à deviner, malgré la construction nébuleuse du récit... je n'ai pas vraiment adhéré, j'ai mis du temps à le lire parce que je n'étais pas du tout investi dans ses personnages... eux non plus d'ailleurs n'étaient pas super motivés 😅 Deux frères se retrouvent avec une maison héritée de leur père à vendre, et c'est une femme mystérieuse, qui porte le nom de leur cousine décédée, qui veut l'acheter.... petit 5/10 parce que j'aime bien quand ça parle de la campagne coréenne, mais je me suis ennuyée tout du long...
Par contre, j'ai beaucoup plus apprécié la lecture de "Bienvenue" par Kim Yiseol qui dénonce fortement la culture profondément patriarcale coréenne. L'héritage confucéen fait que l'Homme attend d'être servi par la femme.... sauf que là, Monsieur a oublié qu'il était censé, en parallèle, être le pourvoyeur du foyer... Se comportant en parasite, il pousse indirectement sa femme à la prostitution, seule réponse financière rapide à toutes les horreurs qui arrivent dans leur vie.
J'ai eu envie de prendre l'héroïne dans mes bras dès que j'ouvrais le livre car son choix de la prostitution n'a rien d'une solution de facilité, comme chaque femme le sait et Yunyeong la première. Elle se bat, avec le peu qu'elle a, et si elle a toujours soutenu sa mère et sa soeur, lentement, elle se détache et sa fille devient sa seule priorité.
Un roman en forme de toboggan sans fin vers les problèmes, heureusement on voit surgir à la fin une sororité tacite inattendue qui nous laisse un petit peu d'espoir dans une grosse amertume. 7/10
Et j'ai terminé mes pérégrinations littéraires coréenes avec "Toutes les choses de notre vie" par Hwang SokYong, qui dépeint la plus grosse décharge publique à ciel ouvert que la capitale de la Corée ait connu : Nanjido, qui fut de 1978 à 1993, quasi l'unique réceptacle des déchets de Seoul la brillante... Le long du Han sur 4km, des familles travaillaient au tri des ordures dans les pires conditions et de travail et de vie. Dans cette critique de l'hyper consommation d'un pays qui s'est urbanisé à la puissance 3000 sur le dernier demi-siècle, on accompagne Gros-Yeux, ado de 14 ans qui échoue là-bas avec sa maman et découvre ce que vivre en marge signifie vraiment, lui qui se pensait déjà au bas de l'échelle sociale.
Véritable caste d'intouchables, les travailleurs de la décharge ont recréé une hiérarchie reflet de la grande ville et ils se battent également pour "réussir" dans leur microcosme et être à tout prix "au sommet de leur pyramide sociale", même quand il s'agit du sommet d'un tas de poubelles...
Ce roman m'a laissé désenchantée (oui, tout est chaos😋) mais sa petite touche de surnaturel et son onirisme désabusé ont fait que j'ai vraiment aimé cette lecture au goût de désespoir. Une lecture percutante qui sort des sentiers pailletés de la Hallyu. 9/10

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