"Love in the Big City" du Roman au film en passant par le Drama

Une fois n'est pas coutume, surfons en même temps sur l'actualité littéraire, cinéma et drama en un seul article.
« S'aimer dans la grande ville » le livre de Park SangYoung, sorti en août aux éditions La Croisée, a été sélectionné au Man Booker Prize. Nomination audacieuse mais au combien nécessaire puisqu'il s'agit de l'histoire de Go Young, un jeune seoulite, écrivain gay séropositif, qui raconte ses amitiés, ses amours, sa mère et leurs maladies.
Pour l'objet livre en lui même, un petit détail a retenu l'attention de l'étudiante en coréen que je suis, les éditions La Croisée ont fait le choix de proposer le titre original en Hangeul 대도시의 사랑법, en plus du romanisé qu'on trouvait systématiquement.
Choisir également une illustration « à la coréenne » c'est à dire très esthétique, avec des couleurs pastels, c'est aussi se rapprocher, en plus de la traduction de la langue, au mieux des habitudes littéraires du pays et c'est un hommage qui est très plaisant.
Le roman « S'aimer dans la grande ville » est découpée en 4 parties.
Et c'est la première qui a été adaptée et présentée le 13 septembre dernier, à la 49ème édition du Festival International du Film à Toronto. Nous pourrons la voir au cinéma à compter du 02 octobre et le film raconte le quotidien en colocation entre Jaehee (amie de Young, le narrateur) jouée par Kim GoEun (Goblin, King Eternal Monarch etc) et Heungsoo, joué par Steve Noh (Patchinko, soundtrack #2).
Si on se fie à la bande annonce et aux divers résumés lus, un certain flou règne, vous constaterez qu'à première vue, Young le personnage principal n'a pas l'air présent, toutefois Heungsoo se retrouve être justement le colocataire de Jaehee, nous ne pourrons donc juger des libertés que prend le film avec le livre (gay/hétéro, séropositif ou pas) qu'après l'avoir vu. Mais des thèmes tout aussi importants comme le regard des autres, l'acceptation de la différence seront quand même présents, comme dans le roman.
Revenons donc à celui ci et ses différentes parties.
A propos justement du découpage, la structure du récit par l'auteur reste un petit peu déroutante, j'ai personnellement préféré les 3 dernières parties qui traitent des amours de Young, car la première nouvelle qui se concentre sur l'amitié avec Jaehee, je l'ai trouvé plutôt superficielle, j'aurais aimé que l'auteur creuse cette relation miroir, qui méritait plus de profondeur.
Dans les ¾ restants du roman, s'alternent différentes époques, pas forcément bien définies non plus d'ailleurs, 3 hommes ( + un qui lui donnera le sida) et une maman chrétienne pratiquante, pas très à l'écoute et qui se meurt d'un cancer, en fil rouge tout du long du récit. La relation filiale a été cassée par l'internement qu'elle a imposé à son fils pour le « guérir » de son homosexualité, mais jamais Young ne faillit à son devoir familial pour autant. L'auteur précise dans les remerciements que ce livre est en partie autobiographique et on sent bien la souffrance qui ressort du déni maternel.
Et ce fils, qui n'arrive pas à faire son coming out pour maintenir une paix illusoire fragile dans leur relation, est une représentation très réaliste de cette Corée au fossé générationnel difficilement franchissable. On sent aussi derrière l'humour et l'autodérision très amers de l'auteur/narrateur, une grande dépression, entre l'Amour qui n'est pas à la hauteur de ses attentes et la honte d'être différent (gay, malade) dans une société basée sur la (hétéro)normalité et la réussite.
  C'est sans doute pour faire évoluer les mentalités que Park SangYoung a endossé la casquette de scénariste pour participer à l'adaptation de son récit en drama, qui sortira le 21 octobre, sur TVING. On suivra là les aventures de Go Young, joué par Nam YoonSu (qui subit d'ailleurs malheureusement un harcèlement violent pour son choix de rôle gay). Il y aura 8 épisodes et ce ne sont pas moins de 4 producteurs qui vont gérer une phase de la vie de Young chacun.
Le succès du roman « S'aimer dans la grande ville » s'il peut surprendre par la forme et le style, s'explique absolument par le fond et ce qu'il représente.
La difficulté d'Etre dans une société où tout est basé sur l'illusion et le Paraître, fait que beaucoup de jeunes coréens se retrouvent en difficultés et plus encore pour ceux issus de minorités.
A la page 132, l'auteur a ces mots « qu'est ce que j'espérais, qu'est-ce que j'attendais, de quoi rêvais-je durant tout ce temps ? ». Résonne alors le manque d'aspirations d'une jeunesse qui ne se reconnaît plus dans les attentes de leurs aînés.
Difficile de s'identifier à quelque chose qui ne leur ressemble pas. Du reste, beaucoup de jeunes d'autres pays se retrouveront dans cette histoire et pourront apprécier le livre.
Avoir accès à plus de contenus de ce style et les succès de personnes issus des minorités comme Park SangYoung aident également à changer les mentalités et apportent une touche d'espoir à une jeunesse en manque de représentations.
Comme il nous l'explique à la fin du livre, la société continue d'évoluer vers plus d'acceptation, et depuis qu'il a écrit son roman, il y a eu des avancées majeures en Corée notamment pour les porteurs du VIH et les personnes en couple de même sexe et l'avortement.
🚨Update 11 octobre : les trailers du drama sont strike, groses attaques et plaintes des conservateurs en Corée !! * cf screen du compte X de l'auteur*

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